Facteurs de risque du syndrome fémoro patellaire.

Analyse d’article.

Nous allons évoquer ici une revue systématique avec méta-analyse réalisée par nos intervenants, Brad Neal et Simon Lack, sur les facteurs de risque du syndrome fémoro patellaire (1).

Le but était de déterminer les facteurs de risque (FR) dans différentes populations afin de permettre aux cliniciens de développer des stratégies de prévention selon le modèle de prédiction des blessures de Van Mechelen (figure 1) (2).

Figure 1:Modèle de prédiction des blessures de Van Mechelen

La dernière revue systématique sur le même sujet datait de 2012 (3) et n’avait pu inclure qu’un faible nombre d’études. La littérature, sur le sujet, s’étant bien développer ces dernières années il était approprié de réaliser une nouvelle revue systématique.

Au final, 18 études prospectives (le schéma d’étude le plus approprié pour déterminer les facteurs de risque) ont été incluse représentant 4818 participants. La qualité des études a été évalué en combinant l’échelle de Newcastle-Ottawa et l’évaluation du nombre d’évènements par variables. Il en ressort que 9 études furent évaluées comme étant de haute qualité et 9 de qualité moyenne.

Les études incluses ont évalué trois populations distinctes, les militaires, les adolescents et les coureurs amateurs. Pour ces populations les incidences cumulées étaient respectivement de 11%, 11% et 6%.

Résultats sur les différentes variables analysées.

Démographiques :

  • Genre : Il n’y’a pas d’association significative (RR 1.33, CI 0.76, 2.34) * même si la proportion de femme semble plus importante notamment chez les coureurs amateurs. *Pour les variables qualitatives nominales et les nombres bruts de participants blessés ou non ils ont utilisé le risque relatif comme mesure d’association. Il est ici de 1.33, l’intervalle de confiance comprenant la valeur 1, l’association n’est pas statistiquement significative.
  • Taille : La taille ne semble pas être un FR (SMD −0.08, CI −0.21, 0.05) *. *Pour les variables quantitatives continues ils ont évalué la différence standardisée des moyennes, parfois nommée taille de l’effet. Ici catégorisé de la manière suivante, si SMD<0.59 elle est faible, si 0.60<SMD<1.19 elle est modérée et forte si SMD>1.20.
  • Le poids : Ne semble pas être un FR (SMD 0.02, CI −0.11, 0.16).
  • IMC : Ne semble pas être un FR (SMD 0.10, CI −0.12 to 0.32).
  • Pourcentage de masse graisseuse : Ne semble pas être un FR (SMD −0.13, CI −0.40, 0.13)
  • Age : ne semble pas être un FR (SMD 0.06, CI −0.13, 0.25)
  • Longueur des membres inférieurs : Ne semble pas être un FR (SMD −0.01, CI −0.28, 0.25)

Alignement des membres inférieurs :

  • L’angle Q ne semble pas être un FR (SMD 0.06, CI −0.22, 0.33)

Mesures de force :

  • Quadriceps : Une faiblesse du quadriceps est un FR avec toutefois une taille d’effet faible (SMD -0.32, CI -0.42, -0.22).
  • La force isocinétique des ischio-jambiers chez les militaires (n’a pas été mesuré dans les autres populations) ne semble pas être un facteur de risque (SMD −0.09, CI −0.42, 0.24 à 60°/s et SMD −0.10, CI −0.43,0.22 à 240°/s).
  • La hanche : Mesurées au dynamomètre manuel, la force de flexion d’extension, de rotation interne, rotation externe et d’adduction ne sont pas des FR. La force d’abduction ne semble pas non plus être un facteur de risque sauf, et c’est une nouveauté qui ressort de cette revue systématique, une force plus importante de l’abduction de hanche semble être un FR dans la population adolescente (SMD 0.71, CI 0.39, 1.04)

Biomécanique :

  • Le valgus du genou lors d’un test de réception ne semble pas être un FR (SMD 4.17, CI −4.19, 12.53).
  • Les variables cinétiques au niveau des différentes parties du pied ne semblent pas être des FR.

Conclusion :

Au final deux variables évaluées dans cette revue systématique ressortent comme étant des facteurs prédictifs, une faiblesse du quadriceps chez les militaires (les données n’ont pas pu être assemblées dans les autres populations) et une plus grande force isométrique d’abduction de hanche chez les adolescents. Cette dernière donnée peut sembler étrange mais au final, dans cette population, ceux qui ont la plus grande force sont probablement ceux qui pratiquent le plus d’activité physique s’exposant donc à une blessure de surcharge. Les adolescents sont une population spécifique (4), il est par exemple démontré que, contrairement aux autres populations, lorsque la pathologie est développée il n’ont pas de perte de force associée (5). Le rôle de l’éducation (informations sur la pathologie, apprendre à comment gérer sa douleur…)est probablement primordiale dans le traitement des adolescents, d’autant que l’observance des exercices prescrits est faible voire nulle (6). Pourtant l’addition d’ exercices à l’éducation donne de meilleurs résultats à 24 mois que l’éducation seule (7). Tous ces points seront bien sûr abordés lors de la formation de Brad et Simon. Cette revue systématique montre que nous en savons encore bien peu sur l’épidémiologie du syndrome fémoro patellaire et que de nouvelles études prospectives de bonne qualité sont nécesssaires. La figure suivante, issue de l’article, résume les différents facteurs pouvant interagir et faciliter le développement de la pathologie (figure 2).

Figure 2: facteurs potentiels influençant le syndrome fémoro patellaire

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Bibliographie :

1.   Neal BS, Lack SD, Lankhorst NE, Raye A, Morrissey D, van Middelkoop M. Risk factors for patellofemoral pain: a systematic review and meta-analysis. Br J Sports Med. 21 sept 2018;bjsports-2017-098890.

2.   van Mechelen W, Hlobil H, Kemper HCG. Incidence, Severity, Aetiology and Prevention of Sports Injuries: A Review of Concepts. Sports Med. août 1992;14(2):82‑99.

3.   Lankhorst NE, Bierma-Zeinstra SM, van Middelkoop M. Risk factors for patellofemoral pain syndrome: a systematic review. J Orthop Sports Phys Ther. févr 2012;42(2):81‑94.

4.   Rathleff MS, Vicenzino B, Middelkoop M, Graven-Nielsen T, van Linschoten R, Hölmich P, et al. Patellofemoral Pain in Adolescence and Adulthood: Same Same, but Different? Sports Med. nov 2015;45(11):1489‑95.

5.   Rathleff CR, Baird WN, Olesen JL, Roos EM, Rasmussen S, Rathleff MS. Hip and knee strength is not affected in 12-16 year old adolescents with patellofemoral pain–a cross-sectional population-based study. PLoS One. 2013;8(11):e79153.

6.   Rathleff MS, Rathleff CR, Holden S, Thorborg K, Olesen JL. Exercise therapy, patient education, and patellar taping in the treatment of adolescents with patellofemoral pain: a prospective pilot study with 6 months follow-up. Pilot Feasibility Stud [Internet]. déc 2018 [cité 4 déc 2018];4(1). Disponible sur: https://pilotfeasibilitystudies.biomedcentral.com/articles/10.1186/s40814-017-0227-7

7.   Rathleff MS, Roos EM, Olesen JL, Rasmussen S. Exercise during school hours when added to patient education improves outcome for 2 years in adolescent patellofemoral pain: a cluster randomised trial. Br J Sports Med. mars 2015;49(6):406‑12.


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